Quelles leçons tirer de l’affaire Madoff ?

Le 14 avril dernier, Bernard Madoff, auteur de la plus grande escroquerie financière de l’histoire est mort en prison à l’âge de 82 ans. Il avait volé plusieurs milliers d’épargnants à travers le monde pour un montant global estimé à 65 milliards de dollars. L’occasion pour nous de tirer quelques leçons de cette terrible histoire afin d’éviter que ce type de scandales ne réapparaisse

Une pyramide de Ponzi réalisée dans des proportions historiques

Le schéma de Ponzi est un montage frauduleux vieux comme le monde. Il tire son nom d’un certain Charles Ponzi qui l’avait déployé à Boston dans les années 1920. Son escroquerie d’une quinzaine de millions de dollars fait pâle figure à côté de celle de Madoff, mais le fonctionnement de l’arnaque reste le même.

Dans un premier temps, l’escroc propose un placement très attractif à des investisseurs en quête de rendement élevé. B. Madoff garantissait des performances d’environ 15% par an sans risque en proposant un savant mélange d’actions et d’options, censé éliminer les risques à la baisse.

Ces premiers investisseurs placent leur épargne chez le fraudeur et reçoivent (pendant un temps) les rendements attendus. Ce sont en quelque sorte les ambassadeurs du système qui attirent de nouveaux épargnants désireux de percevoir également leur part du gâteau. Ils décident à leur tour de placer leur épargne chez l’escroc, ce qui lui permet en fait de verser les “bénéfices” du placement aux premiers investisseurs… Fort de ce succès, l’opération attire de plus en plus de « pigeons », mécanisme nécessaire pour faire tenir la supercherie.

Au cours de sa carrière, Bernard Madoff qui fut Président du Nasdaq, était, jusqu’à sa chute, l’une des figures les plus respectées de Wall Street. Ce statut prestigieux l’a certainement aidé à convaincre ses clients et l’arnaque s’est développée dans des proportions extraordinaires. Avant de s’écrouler, Madoff avait informé ses clients que leurs placements valaient 65 milliards de dollars au total, alors qu’il n’en avait collecté que 17. Il manquait donc 48 milliards de dollars, qui n’existaient en réalité que dans l’esprit des investisseurs. Une paille !

Et soudain, la machine déraille…

En 2008, la crise financière pousse quelques clients, parmi lesquels le metteur en scène Steven Spielberg, ou encore l’acteur Kevin Bacon, à demander un remboursement. C’est le début de la fin. Les demandes de retraits pleuvent, mais il est impossible pour Madoff de toutes les satisfaire. Sur chaque dollar que demandent les épargnants, Madoff n’en détient réellement que 25%. Un soir de décembre, il explique la supercherie à sa femme et à ses deux fils. Ces derniers le dénoncent à la police le lendemain.

Fort heureusement, la réglementation actuelle en matière d’épargne est nettement plus protectrice et il est de plus en plus difficile pour les escrocs de mettre en place de tels schémas ! En outre, il est important d’acquérir quelques réflexes de bon sens.

Méfiez-vous des rendements trop réguliers !

Pour qu’un régime Ponzi fonctionne, il faut attirer le chaland par des bénéfices élevés. Or, le gain est toujours proportionnel aux risques pris par l’investisseur. Il n’existe pas de rendement élevé sans risque. La régularité dans les profits est un élément qui doit nous alerter. Les investissements visant des rendements élevés peuvent certes faire de bons résultats sur une longue durée — comme celle délivrée par le fonds de Madoff — mais ils passent forcément par des hauts… et des bas. On dit qu’ils sont plus volatils. Dit autrement, si quelqu’un réalise des performances comparables à celles d’un investissement en actions, mais avec la volatilité d’une obligation étatique, c’est qu’on ne vous a pas tout dit…

Attention à l’opacité et au manque d’informations !

Madoff avait expliqué à de nombreuses reprises que son système était aussi simple qu’il était secret. Les notes d’information envoyées aux clients étaient précises sur le rendement généré, mais manquaient cruellement de données sur les placements
réellement effectués. La recommandation est simple : avant d’investir, prenez le temps de comprendre le fonctionnement du placement. Et si celui ou celle qui vous propose un produit ne vous parle que des gains potentiels, sans vous donner des informations claires sur la façon dont ils seront réalisés, méfiez-vous !

Ne cédez pas aux chants des sirènes

Malgré la règlementation et le travail efficace des organismes de contrôle, les escrocs partent avec un avantage considérable : leurs cibles sont généralement aveuglées par le gain facile et ne disposent pas toujours de la culture financière nécessaire pour analyser des mécanismes de plus en plus complexes. N’investissez que lorsque vous comprenez bien le mécanisme…
Ainsi, même si l’histoire est un perpétuel recommencement, comme l’affirmait le grec, Thucydide, n’oublions pas que l’argent facile n’existe pas en matière financière. Seuls la prise de risques et la volatilité permettent d‘obtenir, sur le moyen/long terme, des rendements significatifs.

Bonnes vacances d’été à tous

Stéphane Lenoir

 

La thématique de la transition verte s’essouffle-t-elle déjà ?

Après leur parcours glorieux en 2020, les valeurs liées à la transition verte avancent au ralenti depuis le début de l’année. Alors que penser de ces récentes déconvenues ? Tendance essoufflée ou légère pause avant de reprendre de plus belle ?

Il est vrai qu’actuellement, la hausse des taux pénalise les valorisations de titres à duration longue, comme ceux liés à la transition énergétique. Par ailleurs, des coûts de financement élevés peuvent mettre à mal la croissance de petites entreprises. Dans ces
conditions, il est logique de voir ces titres souffrir temporairement.

Pourtant, à long-terme, les enjeux structurels sont considérables et les volontarismes politiques et budgétaires restent particulièrement généreux vis-à-vis du secteur.
L’agenda 2021-2022 est chargé de plans en phase de déploiement : 14ème plan quinquennal chinois, Green Deal européen, plan hydrogène aux UK, plan décennal des Nations Unies sur la protection des océans et écosystèmes…
De nouveaux engagements sont encore à venir : plan d’infrastructures aux US, aides pour les projets renouvelables et lancement des crédits carbone en Chine, évolution de la taxonomie en Europe, préparation de la COP 26…
Face à ce diagnostic, si la thématique fait actuellement face à des défis conjoncturels, son intérêt intrinsèque reste intact. L’urgence environnementale ne fait plus débat et il faut s’attendre à ce que les normes réglementaires deviennent de plus en plus restrictives.
Des remous passagers peuvent donc se présenter mais la tendance long terme reste naturellement porteuse.

EN BREF

17,4%…
C’est la progression de la dette publique mondiale en 2020 qui atteint un niveau record proche de 62.500 milliards de dollars.

11%
La collecte des SCPI de rendement poursuit le rebond initié au dernier trimestre 2020 avec une collecte de 1,70 milliard d’euros, en augmentation de 11 % par rapport au quatrième trimestre.

5.75%
Selon la Banque de France, ce sera le taux de croissance du PIB en 2021, contre 5.5% prévu en début d’année.

 

LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 30 JUIN 2021

LES INDICES BOURSIERS
CAC + 17.23 %
SBF 120 + 15.93 %
DOW JONES + 12.73 %
NIKKEI + 4.91 %
EURO STOXX +14.40 %

LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40 EN 2021
SAINT-GOBAIN + 48.11 %
ATOS – 31.40 %

LES TAUX D’INTÉRETS
EURIBOR 3 MOIS – 0.542 %
OAT 10 ANS +0,1620 %